mercredi 28 avril 2010

Au fil de l’eau, au fil du temps



En amont, l’eau à venir,

Le temps-avenir

En aval, l’eau écoulée,

Le temps passé.

C’est ce que je vois

si je me crois immobile.

Mais qui passe ? et qui reste ?

Le temps n’a nulle part d’où venir,

Et nulle part où aller.

Il a tout son temps, éternellement.



Moi je passe, continûment.

D’où je viens, je n’en sais rien

Où je vais, je me demande bien.

Mais je passe, allègrement.



Je sais, je m’accroche pour ne pas bouger,

Je m’accroche au pont

Je m’accroche aux berges

Je m’enchaîne aux amis, aux amours

Je m’installe, je construis, j’achète,

Je monte des murs, des barrières,

Je m’accapare : ma maison, mon métier,

Mon pays, ma religion,

Ma voiture, ma femme, mes enfants,

ma chaise, ma maladie, mon chien…

C’est à moi, à moi, à moi…

Oui… A moi ! A l’aide ! je suffoque !



Non, je veux me laisser couler au fil du temps

Glisser au fil de l’eau

Sur la barque du présent.

Lâcher prise, lâcher crises

pour ne pas me sentir passer

Avec le temps qui passe

Et qui ne va nulle part.




Je suis un nomade,

Un touriste en vacances

Pour très peu de temps.

Alors apprécier, profiter,

Aimer, donner, recevoir,

Admirer, remercier,

C’est ce que je veux tisser

Avec le fil du temps,

Avec le fil de l’eau,

Jusqu'à l'océan...


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