jeudi 22 janvier 2009

"La beauté dans la nature n'est pas la beauté ultime. Elle est le héraut de la beauté intérieure et éternelle, et n'est pas à elle seule un bien solide et satisfaisant "
Ralph Waldo Emerson (1)

Debout sur la lèvre de la falaise démaquillée par l'érosion, j'admire sa courbe fuyante, enveloppant maternellement la combe qui s'étale sous mes pieds. Le vide me donne le frisson et, en même temps, voir les choses d'en haut fait résonner en moi l'agréable sensation d'une expansion de conscience et d'une perspective plus globale des choses de la vie. 
Voir large, voir loin, semble être une aspiration de l'âme humaine.

"A travers la tranquillité du paysage et spécialement sur la ligne lointaine de l'horizon, l'homme contemple quelque chose d'aussi magnifique que sa propre nature" (1)

Après quelques instants à me laisser emplir par ces perceptions, il me faut continuer mon chemin et envisager de redescendre. Mon regard se porte sur le sol, à quelques mètres devant moi, pour assurer mes pas. Et ce qui me surprend, ce ne sont pas l'herbe rase et la caillasse qui se trouvent là, mais le fait que le charme que je ressentais précédemment est immédiatement rompu. Il m'a suffi de tourner la tête pour que la sensation de beauté s'efface.
Mon regard se tourne de nouveau vers les falaises. Tout est là, comme avant, et l'admiration revient. Je ferme les yeux et les impressions s'évanouissent à nouveau en même temps que le paysage. Lui est là, évidemment, il n'a pas bougé. Mais je réalise que ce qui en fait sa beauté, c'est la conscience que j'en ai à ce moment précis. Que mon regard se détourne, plus rien. Que mes paupières s'ouvrent les sensations resurgissent.

" J'aime à penser que la lune est là même si je ne la regarde pas"
Albert Einstein

Ces questions me viennent alors: en lui-même, le paysage est-il beau? A quoi peut bien rimer la notion de beauté sans la présence et l'appréciation d'un observateur?
Oui, la beauté est intimement liée à la personne qui la ressent, comme si elle lui appartenait; les éléments extérieurs lui servent de support, afin qu'il puisse voir s'y refléter ce que lui-même projette.
Ainsi, la fleur, la montagne, la mer, la plage bordée de cocotiers ne sont peut-être "que" quelques fragments d'un miroir sphérique dont le centre est la conscience de celui qui se cherche, là où il porte son regard.

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