... vouloir saisir l'insaisissable.
L’air, l’eau, le
sable… Trois éléments de densités différentes mais d’une extrême fluidité qui
se marient avec harmonie dans une danse en perpétuel mouvement.
Sans forme
propre, ils s’adaptent en permanence et savent prendre la forme de tout
contenant dans lequel ils sont placés.
La seule règle à
laquelle ils sont soumis ici est la ligne d’horizon qui, elle-même, se courbe
avec humilité sous l’effet de celle de la gravitation.
Fraser Island-Ql Australie (cliquer pour agrandir)
L’esprit humain
ne sait comment se saisir de ce qui n’a pas de forme, alors il essaye de
l’enfermer dans de multiples formes.
Il tente de
l’encadrer dans une figure géométrique, comme le cadre rectangulaire du
photographe ou du peintre ; cela lui donne l’illusion de le contrôler, de
s’en accaparer, de le déplacer où bon lui semble.
Et il est malin,
l’esprit humain : il lui appose le
sceau du © qui veut dire droit de Copie.
Un C comme
Croyance que cela m’appartient, un C qui veut dire « C’est à
moi »; un C comme Concept qui fait penser que je le Comprends
(littéralement : que je prends avec moi), que je peux le saisir, que je
peux le définir.
Un C comme Cliché
qui fige le mouvement, qui « immortalise » l’instant en l’extrayant
du vivant et du temps qui passe.
C’est un
paradoxe de l’esprit : il ne peut immortaliser qu’en privant du vivant…
Qui plus est, ce
© est entouré d’un cercle, figure close, clôture à ne pas franchir sous peine
d’amende, car vous pénétrez dans « ma » propriété, dont le nom est
indiqué juste après.
L’esprit, si
volatil, peut-il posséder quoi que ce soit, sinon celui qui l’abrite ? Ne
serait-ce pas justement cela, la possession ?
Fraser Island-Ql Australie
L’esprit cherche
un contenant qui permettrait de définir, de délimiter ce qui n’a pas de forme.
Mais dé-limiter et dé-finir ne devraient-il pas justement signifier briser les
limites, sortir de la cage du fini ?
Tant que l’on
aborde d’un point de vue extérieur ce qui n’a pas de forme, l’expérience peut
être angoissante ; on ne sait comment s’y relier, comment y
pénétrer ; on ne sait pas comment s’y raccrocher ni quoi faire avec.
Il nous faut
aller au-delà de l’esprit et des sens pour véritablement appréhender le Sans
forme. Il nous faut faire « corps » avec lui, oublier notre propre
forme, tout du moins celle que nous nous imaginons avoir, oublier nos fausses
identités, pour se laisser porter et naviguer avec lui dans la même fluidité.
Ainsi en est-il de la beauté, ainsi en est-il de l’amour.
C’est seulement
alors que s’élève en nous une sensation de liberté, de vacuité joyeuse. Le Sans
forme nous renvoie à un espace intérieur de paix, de sérénité, au-delà des
concepts et des cadres pré-établis.
Fraser Island-Ql Australie
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