
Dans un monde pétrifié
par la nostalgie du passé,
les traumas qui perdurent,
dans un monde vitrifié
d’attentes fossilisées
et de peurs du futur,
s’élève une lueur d’espoir .
C’est l’espoir du présent
irradiant le vivant.
En Orient, la fleur de lotus est un symbole de pureté.
La plante plonge ses racines dans les eaux boueuses dont elle tire ses nutriments.
La fleur, quant à elle, flotte à la surface ; elle monte et descend avec les eaux sans que sa beauté soit jamais altérée ; elle reste immaculée.
Cette symbolique est utilisée depuis la nuit des temps pour inviter chacun à calquer sa vie sur celle de la fleur du lotus et ainsi,
- « vivre dans ce monde, sans être de ce monde »,
- s’épanouir en son cœur dans un monde mentalisé, raisonné, calculé;
- écouter son ressenti dans un monde expliqué, justifié, rationalisé
- puiser la clarté dans le brouillard du doute et de la confusion,
- fructifier en paix au milieu des conflits et des guerres,
- s’émerveiller de la beauté malgré des horreurs du monde,
- s’épanouir en tant que soi dans le tourbillon des obligations, des responsabilités, des pressions;
- rester intègre dans la rouille des mensonges et manipulations,
- cultiver la compassion dans un monde de brutalité
- naviguer avec conscience sur un océan d’inconscience,
- savourer la réalité dans une forêt d’illusions et de rêves...
Mais si l’invitation est réitérée depuis des temps immémoriaux, nous n’avons, nous, que les quelques années de notre existence pour l’honorer.
En amont, l’eau à venir,
Le temps-avenir
En aval, l’eau écoulée,
Le temps passé.
C’est ce que je vois
si je me crois immobile.
Mais qui passe ? et qui reste ?
Le temps n’a nulle part d’où venir,
Et nulle part où aller.
Il a tout son temps, éternellement.
Moi je passe, continûment.
D’où je viens, je n’en sais rien
Où je vais, je me demande bien.
Mais je passe, allègrement.
Je sais, je m’accroche pour ne pas bouger,
Je m’accroche au pont
Je m’accroche aux berges
Je m’enchaîne aux amis, aux amours
Je m’installe, je construis, j’achète,
Je monte des murs, des barrières,
Je m’accapare : ma maison, mon métier,
Mon pays, ma religion,
Ma voiture, ma femme, mes enfants,
ma chaise, ma maladie, mon chien…
C’est à moi, à moi, à moi…
Oui… A moi ! A l’aide ! je suffoque !
Non, je veux me laisser couler au fil du temps
Glisser au fil de l’eau
Sur la barque du présent.
Lâcher prise, lâcher crises
pour ne pas me sentir passer
Avec le temps qui passe
Et qui ne va nulle part.
Je suis un nomade,
Un touriste en vacances
Pour très peu de temps.
Alors apprécier, profiter,
Aimer, donner, recevoir,
Admirer, remercier,
C’est ce que je veux tisser
Avec le fil du temps,
Avec le fil de l’eau,
Jusqu'à l'océan...