En amont, l’eau à venir,
Le temps-avenir
En aval, l’eau écoulée,
Le temps passé.
C’est ce que je vois
si je me crois immobile.
Mais qui passe ? et qui reste ?
Le temps n’a nulle part d’où venir,
Et nulle part où aller.
Il a tout son temps, éternellement.
Moi je passe, continûment.
D’où je viens, je n’en sais rien
Où je vais, je me demande bien.
Mais je passe, allègrement.
Je sais, je m’accroche pour ne pas bouger,
Je m’accroche au pont
Je m’accroche aux berges
Je m’enchaîne aux amis, aux amours
Je m’installe, je construis, j’achète,
Je monte des murs, des barrières,
Je m’accapare : ma maison, mon métier,
Mon pays, ma religion,
Ma voiture, ma femme, mes enfants,
ma chaise, ma maladie, mon chien…
C’est à moi, à moi, à moi…
Oui… A moi ! A l’aide ! je suffoque !
Non, je veux me laisser couler au fil du temps
Glisser au fil de l’eau
Sur la barque du présent.
Lâcher prise, lâcher crises
pour ne pas me sentir passer
Avec le temps qui passe
Et qui ne va nulle part.
Je suis un nomade,
Un touriste en vacances
Pour très peu de temps.
Alors apprécier, profiter,
Aimer, donner, recevoir,
Admirer, remercier,
C’est ce que je veux tisser
Avec le fil du temps,
Avec le fil de l’eau,
Jusqu'à l'océan...
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