Au début était Blanche Lumière.
Elle était Vacuité et Tout à la fois, tout ce qui était, ce qui n’était pas encore et serait.
Mais dans sa Singularité et son Infinité, Blanche Lumière ne pouvait ni se voir ni se connaître.
Elle imagina alors une dimension faite de temps et d'espace et y manifesta, de sa propre substance, un écran réfléchissant, et à distance, un projecteur dans lequel elle se glissa.
Ainsi, par cette apparente séparation d’elle-même, put-elle se voir dans sa clarté et sa blancheur originelles sur l’écran de sa Conscience.
Cependant, joueuse et curieuse de savoir de quoi elle était faite, elle inséra un prisme sur son trajet, prisme qui, comme un vitrail cloisonnant la lumière et séparant les couleurs, lui fit apparaître ses sept couleurs fondamentales. Elle en fut émerveillée !
En y prêtant plus attention, elle s’aperçut que chacune de ces couleurs se déclinait en une infinité de nuances. Elle s’amusa beaucoup à observer ces nuances qui, se mélangeant, se soustrayant et s’accordant, se mirent à créer des formes et des mouvements auxquels il fallut bien trouver des noms afin de pouvoir les distinguer, les classer et les mémoriser.
C’est ainsi que Blanche Lumière se perdit progressivement dans la forêt enchantée des définitions, des formes et des images qui s’animaient sur l’écran en apparents mouvements et transformations.
Tout ce petit monde était merveilleusement séduisant et attirant, comme une danse perpétuelle et festive de créations, de changements et de disparitions ; un monde d’ondulations parfois harmonieuses et douces, parfois chaotiques et agitées.
Non seulement se perdit-elle dans cette forêt, mais elle s’identifia à toutes les formes dans et à travers lesquelles elle expérimenta de doux plaisirs mais aussi de grandes souffrances.
Tout ce scénario se déroulait au sein-même du plan originel de son Infinie Sagesse, et comme ce qui est Un ne peut rester qu’Un, à chaque problème est associée sa solution, chaque question dispose de sa réponse. C’est pourquoi, tout au long de ce processus de séparation et d’égarement, elle avait pris soin de semer de nombreux petits cailloux blancs, blancs comme sa blancheur fondamentale, qui lui rappelleraient comment retrouver son chemin de retour.
C’est ainsi que, éclairée par sa propre clarté, rayonnée ici et là par de petits cailloux blancs, elle commença son retour joyeux vers sa nature originelle.
Il lui aura fallu imaginer cette extraordinaire aventure, à parcourir la grande forêt des illusions dans le temps et l’espace, pour connaître et apprécier en conscience ce qu’elle était depuis toujours et qu’elle n’avait jamais cessé d’être : Blanche Lumière, Une et Infinie !